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Le 24 février 2001 la terre arrête de tourner quelques heures, quelques jours même… Je ne sais plus, le temps n’existe plus....
Je suis la maman de Sophie, la mamilou d’un merveilleux petit tournesol du nom de Juliette.
Le souvenir que j’avais d’une naissance était celle d’une joie immense, d’un état d euphorie.
J’ai eu 5 enfants et à chacune de leurs naissances, je me souviens très bien que le temps était suspendu, j’étais seul avec mon enfant pour quelques heures du moins, dans un monde de plénitude ou je sentais la présence divine dans la beauté de la vie, le monde extérieur n’avait aucune importance. Je n’ai jamais pris de drogue d’aucune sorte mais je crois que le plus beau "trip" c’est cet état dans lequel j’ai été 5 fois.
Le jour de la naissance de Juliette, la sensation est semblable mais à l’inverse dans la plus grande tristesse que je n’avais jamais connu. Quand mon gendre me téléphone pour m’annoncer qu’il venait d’apprendre que la petite était trisomique. J’ai refusé de le croire, il y avait une erreur, voyons !
Mais le mot était lancé… "trisomique"
J’entend le téléphone sonner vers 5 heures le matin, comme je venais à peine de fermer les yeux, je ne me lève pas assez vite et je manque l’appel … Haaa non… J’espère qu’elle va rappeler. Je savais que c’était ma Sophie et ça sonne de nouveau, ce que j’entend… c’est un cri de douleur comme jamais je n’aurais voulu entendre…
"MAMAN, C’EST PAS UN RÊVE,
C’EST PAS UN RÊVE,
JE VEUX M’ENDORMIR ET REVENIR EN ARRIÈRE !!!"
Quoi dire? quoi faire… Sophie, veux tu que j’aille près de toi? Elle me dit OUI MAMAN. C’était la seule place où je voulais être, avec ma fille, dans sa douleur.
Je suis arrivée dans cette chambre, noir, les rideaux fermés, les lumières éteintes, ma fille presque morte sur son lit… Comment addoucir cette douleur?
Juste être là et souffrir avec elle, accompagner son chagrin, même le silence faisait mal. Je lui flattait les bras, les jambes, j’essuyais ses larmes. Elle ne dormait pas, elle fixait le plafond, ne voulait ni voir ni parler à personne.
Le lendemain, les médecins décident d’envoyer Juliette à l’hôpital Ste-Justine, les plaquettes dans son sang, ne sont pas normales. Avant son départ, Yannick et Sophie pleurent dans les bras l’un de l’autre et moi je promène ma petite Juliette un peu à l’écart, je la regarde et je me dit: " Tu es si jolie… Tu as deux yeux, un beau p’tit nez, une belle bouche bien dessinée. Dieu t’a envoyée chez ma fille, pourquoi? Tu dois être merveilleuse à l’intérieur, tu as l’air d’un p’tit ange mais qu'est-ce que la vie te réserve? Et comment ma fille va composer avec ça?"
Je ne sais pourquoi mais je me suis mise à chanter...
"Ma petite est comme l’eau,
Elle est comme l’eau vive.
Elle court comme un ruisseau et les enfants lui disent:
Courez , courez, ma petite Juliette,
Jamais, jamais vous ne me rattraperez!"
Cette chanson est devenue la sienne pour moi. Dans cette chambre presque mortuaire, il y avait pourtant une nouvelle vie!
Quand Juliette est parti, Sophie a demander qu’on lui mette sa couverture qu’elle avait parfumé pour que la petite sente son odeur… tout de suite j’ai compris qu’elle avait conquis le cœur de sa maman. Sophie devait rester à l’hôpital, loin de sa fille et c’était pénible.
Que de questions, que d’incertitudes, pourquoi moi??? Il n’y a pas de réponses sur cette terre mais les jours passent et le temps s’adoucie et Juliette nous prouve qu’elle veux vivre, elle a déjà passé à travers deux opérations dont une majeure. Elle a six mois maintenant, elle jargonne, fait de beaux sourires. Sophie qui croyait ne plus jamais rire… Elle est maintenant capable d’entendre "comment ça va?" au téléphone… La vie suit son cours et Juliette nous montre un côté de la vie qui nous est inconnu. Je veux appendre d’elle et aussi dire au monde entier que maintenant je connais l’Amour avec un plus grand "A". Quand je pense que j’avais demander à Dieu de venir la chercher pour que ma fille cesse de souffrir, je me pardonne aujourd’hui, mon cœur est assez grand pour comprendre le privilège peu commun d’avoir cette enfant dans notre famille et je sais que la vie va nous montrer le chemin à prendre, j’ai confiance.
Un ange tournesol, c’est un cadeau précieux.
Sophie et Juliette, mon cœur est rempli d’Amour pour vous. Je veux que tu saches que je suis toujours là pour toi. Les grandes douleurs et les grands bonheurs font si mal, mais font grandir.
Maman
9 septembre 2001
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